Acta Universitatis Danubius. Communicatio, Vol 10, No 1 (2016)
The Folklore - Nationalism Relationship in the Balkans.
Case Study “Whose Is This Song?” by Adela Peeva
Elena-Lorena Nedelcu 1
Abstract: This article analyses a 2003 documentary titled “Whose Is This Song?” by Bulgarian movie director Adela Peeva, in the purpose of understanding the relationship between the folklore and the nationalism in the Balkans. The theme of the documentary is the director’s quest to trace the roots of a folk song that she had thought was 100 percent Bulgarian since her childhood. The documentary follows Peeva’s journey with a camera in hand around Turkey, Greece, Macedonia, Albania, Bosnia and Herzegovina, Serbia and Bulgaria, where she discovers that the song is sung by all of these nations. The documentary can be interpreted as showing how an ordinary song could become an instrument of fanatical nationalism and that it reveals mutual strife instead of Balkan unity. In a region defined by ethnic hatred and war, what begins as a simply investigation of the true origins of a song, ends as a sociological and historical exploration of the deep misunderstandings between the people of the Balkans.
Keywords: relationship between the folklore and the nationalism in the Balkans; instrument of fanatical nationalism; Balkan unity; sociological and historical exploration
Pour commencer, Adela Peeva est une écrivaine, metteur en scène et productrice d’origine bulgare, naît à Sofia, Bulgarie, en 1947. Elle a fini ses études universitaires à l’Académie de Théâtre, Cinéma, Radio et Télévision à Belgrade en 1970, diplômée dans la mise en scène cinématique. A. Peeva a réalisé plus de 50 documentaires qui ont été diffusés dans les Etas-Unis, L’Allemagne, la Hongrie, la Russie, l’Autriche, la Pologne, la France. Pour la plupart de ses documentaires elle a reçu beaucoup de prix bulgares et internationaux, à des festivals partout dans le monde, comme Oberhausen, Prix Europe – Berlin, Bilbao, Moscou, Rio de Jainero, Bacau, Trento, Bombay, Istanbul, Ankara, Sarajevo, Minneapolis, Samos, Kalamata, Stamford, Pennsylvanie, et autres2.
Le documentaire intitulé “Whose is this song?”, est révélateur du thème principal qui lie l’art et la politique, plus précisément la liaison entre la musique et le nationalisme dans une zone géographique et historique très problématique, les Balkans. La présentation qui suit se propose en fait d’analyser comment une chanson folklorique peut se transformer dans un instrument qui incite des sentiments nationalistes dans les Balkans. Le documentaire est construit de manière qu’il parait être “un voyage émotionnel dans la mentalité des peuples balkaniques”3 pour trouver les origines d’une chanson, une chanson qui a comme thème principale soit l’amour en Bosnie, soit la religion par des Musulmans de Bosnie, soit la révolution en Bulgarie, soit l’armée en Turquie etc. C’est toujours cette chanson qui fait engendrer des émotions puissantes de nationalisme dans une région dominée par la guerre et par une haine ethnique qui dure depuis des siècles.
En ce qui concerne le folklore des Balkans, le problème essentiel est représenté par la diversité culturelle et ethnique de la région. L’ex- Yougoslavie a expérimenté un antagonisme profond entre les différentes nationalités. M. Boskovic-Stulli4 (Oinas, 1966, p. 411), donne un exemple très intéressant sur la tendance des folkloriques Serbes et Croates de designer les collections de musique folklorique soit serbe ou croate, tout en insistant sur le fait que leur nationalité a eu le rôle suprême dans la création du folklore. Les conflits entre la religion islamique et chrétienne – du point de vue politique très catastrophique pour la région - a crée toutefois un art et une tradition musicale qui est unique en Europe. En essence, il y a un esprit slave qui se reflète de toutes les influences conflictuelles que les Balkans ont traversé pendant des siècles.
La musique folklorique est le produit de la tradition musicale qui s’est construit par le processus de la transmission orale.5 (Stanic, 1997, p. 140) Dans ce sens le peuple a transmis une culture d’une génération à l’autre, par le pouvoir de la parole et de l’ouit. La naissance du sentiment national et de la conscience patriotique a été aussi faite par le pouvoir de la transmission orale. La musique folklorique a joué un rôle important dans la création de l’identité nationale tout en promouvant l’esprit unique d’un peuple, ses qualités et ses talents. La musique folklorique unie les individus qui appartient au même peuple, et en même temps fait la distinction entre ceux qui n’y appartient pas et qui n’ont pas la mêmes tradition, religion, et identité. Alors quand la musique folklorique de l’autre (qui est conçu comme l’ennemi) trouve des éléments communs, les réactions engendrées sont diverses et violentes. On nie ainsi l’apport culturel de l’autrui et on se réclame comme étant l’unique créateur de la musique folklorique, l’autre n’a fait que la voler ou s’inspirer des ses éléments de base.
Au fil du déroulement du voyage entrepris dans les pays balkanique, on découvre qu’en dépit d’une culture commune créée par une histoire commune, il y a encore des divisions parmi tous ces peuples dans la région. Le documentaire montre comment une chanson peut engendrer des ressentiments et de la haine parmi toutes ses nations qui, chacune d’elles exigent la chanson comme faisant partie de leur propre culture, tradition et art authentique. Ce qui commence tout en étant “une simple investigation pour trouver les racines d’une chanson, finit par se transformant dans une exploration historique et sociologique des malentendus entre les peuples des Balkans.”6 On se pose alors la question – “qui sont en effet les Balkans?”. Pour répondre à cette question, Maria Todorova (une des plus fameuse écrivaine du nationalisme dans les Balkans) leur fait une description qui est relevante. Elle décrit la région comme un espace géographique composé par l’Albanie, la Bulgarie, la Grèce, la Roumanie, et tous les autres pays de l’ex Yougoslavie (Todorova, 1997, p. 161) (Bosnie et Herzégovine, Croatie, Macédoine, Monténégro, Serbie et Slovénie). Cette région est ainsi caractérisée par une hétérogénéité ethnique et religieuse, ce qui détermine des conflits parmi tous ces différents peuples, qui trouvent leur histoire commune dans le Moyen Age quand les Ottomans les a conquiert.
L’Empire Ottoman est la clé essentielle pour comprendre le documentaire de Peeva. La conquête ottomane est l’élément important qui relève les racines historiques de la violence et du nationalisme dans les Balkans. Le fait que la région a été sous domination ottomane depuis le XIV-ème siècle jusqu’au XX–ème siècle a donné naissance à un mélange entre la culture turque et les cultures des autres peuples dans cette région. Ayant cette idée dans la mémoire quand on suivi le film, il est évident que la sonorité, la ligne mélodique (le plus probable d’origines turques), elle est la même. Ce qui diffère, ce sont les vers et l’histoire de la chanson, tout en étant liées à la spécificité et à la sensibilité de chaque nation. Le fond musical commun peut être expliqué par le fait que, comme la plupart des peuples qui vivent sous une domination étrangère, les peuples balkaniques ont pris des aspects spécifiques à la culture étrangère dominante et ils les ont fait leurs propriétés traditionnelles.7 Ce qui doit être compris depuis le début est l’idée que “le film ne s’agit pas nécessairement de trouver d’où la chanson est originaire, mais plutôt de voir comment la chanson, en tant que commodité culturelle est utilisée au service du nationalisme.”8
La problématique du nationalisme est devenue évidente dans plusieurs critiques qui ont été faites au film. Le documentaire a été présenté en 2003 à l’Association du Festival de Film des Nations Unis, ou il a été reçu très bien. En outre, selon le site officiel du festival, la conclusion du voyage de Peeva dans les Balkans est qu’une “chanson ordinaire peut se transformer dans un instrument de nationalisme fanatique”9. Cela est assuré par le fait que “chaque group affirme (de manière violente et obstinent parfois) que la chanson leur appartient, et ils insistent que seulement eux ont été les plus capables et doués d’avoir composé une chanson si belle. La région des Balkans se fait révélée dans toute sa diversité et dans le pouvoir de ses traditions”10.
Une conclusion similaire est présentée dans la revue Frontline (pendant l’occasion de la diffusion du documentaire au Festival International Du Film Documentaire de Mumbai, à la section Films courts et Animations, 2004). Conformément à la critique, le film “montre les horreurs du fanatisme religieux et du conflit ethnique”11.
Le concept de la mentalité balkanique est aussi d’une importance essentielle grâce au pouvoir explicatif en relation avec les événements présents dans le documentaire. L’obstination et la “lutte” pour la chanson est une coutume balkanique de s’identifier à tout ce qui est bon et nier à l’autre (aux autres peuples voisins), le droit d’avoir les mêmes qualités, les mêmes traditions, musique, tempérament, etc.12 Cela peut être une bonne explication pour la raison que chaque nationalité interviewée dans le documentaire n’a accepte qu’une autre nationalité (perçue comme ennemie) peut avoir la même chanson.
Dans une autre de ses ouvrages, Todorova fait un lien intéressant entre l’identité et la mentalité balkaniques. Son idée principale consiste dans le fait que les deux éléments sont tout à la fois interconnectés et inexistantes parce que “les identités nationales dans les Balkans, comme partout dans le monde, ont été définies en opposition l’une à l’autre. Il n’y a jamais été une identité balkanique commune.”13 Todorova va plus loin et met en relation la mentalité et l’identité balkanique à la “nécessité” sentie par les pays balkaniques d’effacer toute signe de la mémoire ottomane. L’effet secondaire de cela est déterminé par la vérité simple que l’expérience ottomane de l’histoire ne peut pas être ignorée, et il est presque impossible de parler des Balkans sans mentionner l’héritage ottoman.14
Selon KinoKultura, dans le documentaire, “la musique se dévoile être un élément puissant dans l’identification de la controverse la plus fondamentale des Balkans”15, du au fait “qu’une pièce musicale devient associée avec un imaginaire national précis.”16 Avoir cela explique, “il n’y a aucune surprise que les personnes présentées dans le film refusent d’accepter que l’étranger, de la communauté voisine, peut chanter la même chanson, et l’aimer comme elles le font. Paradoxalement, au lieu de les diviser, la chanson apporte ensemble tous ces territoires nationaux, et unifie les mémoires collectives et les histoires personnelles.”17 Tout cela désigne la mentalité balkanique, plus précisément “la typicité de la prédisposition balkanique envers le négativisme.”18
D’après Elena Todorova, la période de la domination ottomane a été vue par les nations dominées comme l’imposition de la religion et de la tradition islamique dans les sociétés chrétiennes. Les Ottomanes n’ont pas été capables d’intégrer les nations variées dans l’Empire Ottoman, des nations qui ont fait “des efforts d’obtenir une identité propre”19, des efforts ou les nations balkaniques en formation ont essayé de tracer des limites entre eux-mêmes et leurs dirigeants ottomans.”20 Cela a donné naissance à “l’idée nationale basée surtout sur l’ethnie, tout en accentuant l’élément linguistique.”21 D’autant plus Todorova identifie la langue et la religion – comme étant les “deux atomes sur lesquels l’ethnie et le nationalisme se sont construits.”22 Cela a déterminé “la centralité de la langue dans la transmission et la reproduction des traditions.”23 On peut ainsi expliquer pourquoi la chanson a le même fond musical (faisant partie de l’héritage ottoman24), mais des vers différents, et des histoires différentes conformément à ses origines (selon la spécificité nationale de chaque group ethnique et religieux).
Le besoin d’une construction nationale basée sur l’unicité de la culture nationale est ce qui détermine le conflit entre les personnages du film qui entre en relation par la question “whose is this song?”. Enfin, après avoir échapper de la domination ottomane, et après avoir passé par des guerres dévastatrices sur des bases ethniques et religieuses, chaque pays sent le besoin de renforcer son identité, beaucoup de fois disant que leur identité est supérieure aux autres. Pour démontrer ce point de vue, un bon exemple est la scène ou Peeva arrive en Albanie et elle demande à un group d’habitants si la chanson et d’origine serbe. La réponse n’est pas surprenante, les Serbes n’ont pas pu être les compositeurs de la chanson, ils n’ont pas une culture si riche pour pouvoir produire une chanson si belle. C’est alors une chanson d’origine albanaise, ça c’est clair, depuis leur opinion. La solution n’est pas alors nécessairement la reconnaissance de la même valeur culturelle et authentique de l’autre, mais au moins de tolérer l’autre.
La fin du film documentaire est spécifique pour le conflit balkanique qui ne finit jamais, et Adela Peeva fait une remarque de désespoir et elle se demande “si la paix serait une fois pour toute possible dans les Balkans”25. Toutefois, malgré les moments de conflit, le film laisse le public avec l’impression d’une chanson belle que le peuple balkanique dans son ensemble continue à chanter, sans compter ses origines, et dans le même temps il laisse une question ouverte pour débattre encore: “Est-il possible qu’une chanson puisse provoquer une telle haine nationaliste envers l’altérité?”
Bibliographie
Todorova, Maria (1997). Imagining the Balkans. Oxford: Oxford University Press.
Krulic, Josip (1999). Storia della Yugoslavia dal 1945 ai nostri giorni/ History of Yugoslavia from 1945 to the present day. Milano: Ed. Bompiani.
Bianchini, Stefano (1999). La questionne yugoslava/The Yugoslav question. Firrenze: Ed. Giunti.
Online Sources
Oinas, Felix J. (1996). The Study of Folklore in Yugoslavia. Journal of the Folklore Institute, Vol. 3, No. 3, [Special Issue: The Yugoslav-American Folklore Seminar] Dec., pp. 398-418, http://www.jstor.org/stable/3813809.
Stanic, Inja (1997). The Influences of Yugoslav Folklore on Two Contemporary Balkan Composers: Vojin Komadina and Ivan Jevtić, Perspectives of New Music, Vol. 35, No. 2, (Summer), pp. 137-170. Source: http://www.jstor.org/stable/833648.
Todorova, Maria, Learning memory, remembering identity, en books.google.ro/books?isbn.
www.der.org/films/whose-is-this-song.html.
www.goatdog.com/moviePage.php?movieID=579.
http://www.unaff.org/2003/f_whose.html.
www.diagonalthoughts.com/?p=403.
www.hinduonnet.com/fline/fl2015/stories/20040312002108700.htm.
http://sibiupeople.ro/ro/films/2054.
1 Romanian Cultural Institute, Romania, Address: Aleea Alexandru no. 38, Sector 1, 011824 Bucharest, Romania, Tel.: (+4)0317100627, (+4)0317100606, Corresponding author: nedelcu_lorena@yahoo.com.
AUDC, Vol. 10, no 1/2016, pp. 42-48
2 Selon la description faite par L’Académie du Festival du Film des Nations Unis, 2003.
3 Selon la Nouvelle Cinéma Russe KinoKultura.
4 http://www.jstor.org/stable/3813809.
6Selon The Documentary Educational Resources at www.der.org/films/whose-is-this-song.html.
7 Citation de www.goatdog.com/moviePage.php?movieID=579.
8 Ibidem.
9 Citation de http://www.unaff.org/2003/f_whose.html.
10 Citation de www.diagonalthoughts.com/?p=403.
12 Citation de http://sibiupeople.ro/ro/films/2054.
13 Maria TODOROVA, Learning memory, remembering identity, en books.google.ro/books?isbn, p. 9.
14Comme Todorova remarque “The countries defined as Balkan (i.e. the ones which participated in the historical Ottoman sphere) have been moving steadily away from their Ottoman legacy and with this, also from their Balkaness It is with this in mind that we are witnessing today in the geographic Balkans (the eradication of the final vestiges of an imperial legacy of ethnic multiplicity and co-existence, although not necessarily idyllic…)”. Citation de Maria Todorova, it., p. 13.
15 Ibidem.
16 Ibidem.
17 Ibidem.
18 Ibidem.
19 Maria Todorova, p. 163.
20 Ibidem.
21 Ibidem.
22 Ibidem.
23 Ibidem.
24 Maria Todorova, it., p.168
25 Ibidem.
Refbacks
- There are currently no refbacks.
This work is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.