Acta Universitatis Danubius. Relationes Internationales, Vol 9, No 2 (2016)

The Psychoanalysis of Heroine

Alissa on the Path of Virtue



Hülya Kol1



Abstract: André Gide, a writer of the twentieth century, has his way of interpreting the problems of his generation. He differs from other writers because he does not like imitation. In his novel, Strait Is the Gate, Gide criticizes the exaggeration on the path of virtue. By renouncing life, Alissa not only spoils her life but also spoils the lives of those who love her. The narrative appears like this on the surface but we must go down into the depths to clarify things. As it is said so well, the medallion has two faces. Even if Alissa appears to abandon herself on the path of God, there are implicit reasons which push her towards despair. In reality, Alissa remains impotent before her sentimental failure and finds no outlet to get by. So she renounces life because she can no longer stand this painful situation. Death seems to her a solution to escape from it. This is the case of many young people who live in the same difficult period. Their weakness ends up annihilating them because they lose their hope.

Keywords: adolescence; religion; love; abandonnement; sacrifice



1. Introduction

Il n’y a aucune école bien formée au XXe siècle car c’est le siècle des deux guerres mondiales. Les hommes ont vécu l’angoisse, la misère et l’inquiétude. Leur vision du monde a bien changée. L’inquiétude et l’inconfort ont brisé l’unicité parmi les écrivains qui ont créé leur propre technique. André Gide prend place parmi eux et essaie de trouver des solutions dans le monde de la littérature qui joue un rôle important dans la formation de la culture. André Gide est contre les écrivains qui essaient de montrer le monde fictif comme un état réel. Dans son récit “La Porte Etroite”, André Gide ironise les formes romanesques. Dans ce livre, l’écrivain n’est ni omniscient ni omnipotent comme dans le roman traditionnel. Tout ne nous est pas transféré. Dans l’histoire narrée, il y a des parties manquantes que le lecteur essaie de deviner lui-même. Ce nouveau type de roman ressemble à la vie réelle dans laquelle nous ne pouvons pas tout savoir non plus. Parfois il y a des choses qui nous échappent et nous ne pouvons pas en être sûrs. Parmi les littéraires du XXe siècle, André Gide a été défini ainsi: « Sans cesse appliqué à l’examen de soi, il a, dans la tradition de Montaigne, de Rousseau et de Stendhal, poussé jusqu’à la limite du dicible l’aveu d’un être lucide, enrichissant ainsi le discours continu sur l’homme qui fait l’essentiel de la littérature française. Passant d’un narcissisme inquiet à la volonté de n’accepter rien de mal de ce qu’il pourrait changer, il a avancé quelques interrogations généreuses sur le destin de l’humanité; avouant à sa façon Dieu et même pendant longtemps le Christ, mais séparé de toute église, il a en définitive renforcé le culte de l’Homme et confirmé les positions d’un humanisme résolu. » (Lagarde-Michard, 1989, p. 279)

André Gide est né à Paris le 22 novembre 1869. Son père était professeur de Droit et sa mère faisait partie de la bourgeoisie havraise. Il reçoit un enseignement assez sévère sur la religion chrétienne. Son enfance est marquée par un héritage d’une stricte tradition protestante qu’il reçoit de ses parents. Après la mort de son père en 1880, il est uniquement entouré de sollicitudes féminines. Il se retrouve parmi ses cousines et passe son adolescence avec elles. A quinze ans, il devient amoureux de sa cousine, Madeleine Rondeaux. Il s’attache à elle d’un amour pur et de don mystique. Comme il n’a pas de problèmes financiers, il n’a pas l’obligation d’exercer un métier. Il s’abandonne à son goût d’écrire et entre dans le monde de la littérature. Il devient ami avec Pierre Louÿs et Paul Valéry. Par la suite, il entre dans le monde du symbolisme, patronné par Mallarmé. Il fait ses premières publications: Les Cahiers et Les Poésies d’André Walter  (1891 et 1892); Le Traité du Narcisse (1891) ; Le Voyage D’Urien (1893). Par la suite, André Gide s’embarque pour la Tunisie à l’âge de vingt-quatre ans avec un peintre qui est son ami. En Tunisie, André Gide a peur du péché. Il est fidèle et attaché à l’amour de Madeleine qu’il aime beaucoup. Mais après deux ans, il en revient libéré de toutes les interdictions. Il a l’air d’être transformé en un être nouveau. Il a la certitude qu’il est fait pour tous les désirs. Malgré son penchant pour l’homosexualité, André Gide épouse Madeleine Rondeaux le 8 octobre 1895 tout juste après la mort de sa mère. Madeleine accepte la gageure d’un mariage blanc et partage ses illusions.

« Gide n'a jamais été initié d'une manière juste et saine à la conception chrétienne de l'amour de l'homme pour la femme. A la veille de son mariage, en 1895, il ignorait que l'amour d'une femme s'accompagnait normalement d'une vie sexuelle qui est l'expression sensible d'un amour spirituel. Il croyait que la femme était un être purement spirituel, que l'on ne devait aimer que platoniquement. On voit très souvent les reflets de ces croyances dans ses œuvres, par exemple dans La porte étroite. Pendant l'enfance, il était victime d'un complexe affectif déterminé par l'image d'une mère sévère et austère, incarnation de la conscience morale puritaine qui interdit les satisfactions de la chair. La femme apparaît toujours dans son œuvre, jusqu'en 1929, comme un être angélique, fantomal, échappant aux prises de l'homme. Ces faits montrent encore dans quel contexte trouble les valeurs religieuses, qu'il verra incarnées dans la femme, vont lui parvenir. » (Cvorovic, 2015, p. 1)

La Porte étroite est un livre petit de taille mais grand de valeur. Avec ce livre écrit en forme de récit, nous voyons le côté artistique d’André Gide. Il a un art et une manière de traiter le sujet à sa façon. Nous découvrons son habileté à chaque page. Il nous trace le portrait moral d’Alissa, cette âme de femme pieuse, avec délicatesse. Pour bien interpréter cette œuvre, il ne suffit pas de la lire avec attention, il faut aussi tenir compte de ce qu’en dit André Gide. Pour lui, La Porte étroite est le jumeau de l’Immoraliste. Les deux sujets ont grandi ensemble dans son esprit. « De même, lorsque Gide écrit dans ses Feuillets vers 1924 que La porte étroite est la critique d’une certaine tendance mystique et L’Immoraliste celle d’une forme de l’individualisme… » (Fawcett, 1994, p. 95)

D’après Gide, la religion et la vie familiale sont un fléau qui extermine et qui supprime l’amour. De la bouche de Jérôme, nous entendons la voix de Gide qui essaie de propager ses idées à propos de la vie aventureuse et libertine. Gide fait la critique et l’ironie de la religion par l’intermédiaire du personnage Alissa. Cette dernière qui commence à mener une vie pieuse, reste sous l’influence de la morale chrétienne qu’elle n’a pas tout à fait bien comprise. Avec le temps, elle refuse le bonheur de ce monde pour avoir un bonheur plus lointain qu’elle pense trouver dans la mort. Mais la réalité est qu’elle bâtit de ses propres mains son malheur à elle et celui des autres. « Alissa se sacrifie d’abord pour sa sœur Juliette, puis ce sacrifice devenant inutile, elle se force à jouer son rôle par orgueil et fausse piété. Car c’est de cela dont Gide fait le procès, une fausse éducation chrétienne entrainant au péché par orgueil et exaltation, orgueil de sainteté et de renoncement. Le drame d’Alissa est de ne pouvoir choisir entre sa morale et son amour. Elle meurt de cette ambigüité sans oser la résoudre. » (Francart, 2011, p. 1) « La critique littéraire Pascale Arguedas explique que ce court roman écrit en 1905, paru en 1909 - premier vrai succès de librairie d’André Gide - est le négatif de L’Immoraliste qui célébrait le monde enivré des couleurs, des parfums, du corps humain, une aspiration à la gloire célestielle.» (Francart, 2011, p. 2) Ce récit dont l’inspiration est fortement autobiographique est le sacrifice d’une jeune fille qui se sous-estime. Elle manque de respect pour elle-même D’après les comportements d’Alissa, nous remarquons que sa vie n’a aucune importance devant celle de son père, de sa sœur Juliette, de son frère Robert et de son bien aimé Jérôme. Il n’est pas difficile d’en deviner les raisons qui datent de sa tendre enfance. Alissa avait une mère qui la refusait à chaque fois et qui l’évitait. Elle était le vilain petit canard de sa mère qui donnait toute son affection à ses deux autres enfants. « Quand la crise était à peu près passée, Lucile Bucolin appelait ses enfants auprès d’elle; du moins Robert et Juliette; jamais Alissa. Ces tristes jours, Alissa s’enfermait dans sa chambre, où parfois son père venait la retrouver; car il causait souvent avec elle » (Gide, 1909, p. 11). La discrimination de Lucile Bucolin est une violence morale et psychologique exercée sur sa fille ainée. Alissa grandissant sans l’amour maternel, a été détruite une deuxième fois par la fuite de sa mère les ayant quittés juste pour son bon plaisir. Alissa a souffert de l’abandon de sa mère et de la honte provoquée par celle-ci. Lucile Bucolin est un mauvais exemple représentant l’adultère, le libertinage et le péché.

Alissa refoule ses sentiments tristes datant de son enfance et n’en parle jamais à qui que ce soit. Mais ses sentiments d’infériorité persistent dans son inconscient et gâchent le reste de sa vie. Cette grande peur de vivre une vie de couple ratée devient l’obstacle de sa vie qu’elle n’arrive pas à franchir. Elle n’arrive pas à contrôler cette grande peur qui l’isolera dans son coin et lui fera vivre une vie en solitaire bien pénible à supporter. Ainsi Alissa deviendra le symbole de l’amour impossible. Par cette histoire écrite dans un style sobre et dépouillé, André Gide attire l’attention de ses lecteurs sur une société refoulée dont il dénonce les failles.

Dans son œuvre “La Porte Etroite”, André Gide veut nous faire la critique de la vertu poussée à l’extrême. Cet oubli de soi-même dans la religion apporte le malheur à l’héroïne Alissa et aux personnages qui l’aiment. Par l’intermédiaire de ce récit, l’écrivain veut nous suggérer que la religion vécue à l’extrême n’apporte que le malheur. Il faut vivre la vie comme elle vient sans chercher à la perfectionner de façon exagérée. André Gide valorise la vie de Lucile Bucolin qui a pris la fuite avec un militaire. Lucile représente un sang nouveau dans son œuvre, le personnage idéal où reflète la vie. C’est le cas aussi de Bachir qui représente la santé, la vie et l’éclat. Son sang jaillit quand il veut tailler un bois trop dur avec son couteau. « Bachir s’amusa de voir couler son sang. Quand il riait, il découvrait des dents très blanches ; il lécha plaisamment sa blessure ; sa langue était rose comme celle d’un chat. Ah ! qu’il se portait bien ! C’était là ce dont je m’éprenais en lui: la santé. La santé de ce petit corps était belle.» (Gide, 1902, p. 44).Tout au contraire du personnage Lucile Bucolin, le personnage Alissa est le symbole de la vertu elle-même mais a une différence importante; Alissa manque d’espérance. Dans les trois vertus théologales, il y a la charité, la foi et l’espérance. Dans la religion chrétienne, l’espérance est très importante pour l’énergie morale. Dans les comportements d’Alissa, nous percevons de la fierté, de l’entêtement et l’abandon de soi-même. Toutes ces particularités sont des défauts qui ne tiennent pas une bonne place dans les religions divines. Ainsi fut fait, André Gide veut nous tromper dans son but de dévaloriser la religion chrétienne. Il nous dit implicitement qu’il faut fuir cette religion qui n’apporte que le malheur suivie de la mort pour ceux qui s’y engagent. Un lecteur attentif peut découvrir qu’Alissa n’est pas si parfaite qu’elle en a l’air et qu’elle a mal comprise les paroles du Christ lues par le pasteur Vautier. “Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car la porte large et le chemin spacieux mènent à la perdition, et nombreux sont ceux qui y passent mais étroite est la porte et resserrée la voie qui conduisent à la Vie, et il en est peu qui le trouvent” (Gide, 1909, p. 16) Après la fuite de Lucile Bucolin, le pasteur a choisi intentionnellement ces paroles du Christ pour dire qu’il ne faut pas fonder son bonheur sur le malheur des autres. L’adultère est un grand péché qui détruit bien des vies. Dans cette histoire, c’est le père Bucolin et Alissa qui en sont les plus touchés. Avec le temps leur malheur se répandra comme une contagion dans toute la famille et leur entourage. Alissa pense que deux personnes qui s’aiment dans cette vie ne peuvent pas consommer leur bonheur s’ils veulent passer par cette porte. “Mais non! La route que vous nous enseignez, Seigneur, est une route étroite-étroite à n’y pouvoir marcher deux de front” (Gide, 1909, p. 131) Alissa veut passer seule par cette porte pour obtenir le salut de Jérôme. Elle s’est tellement emballée dans la religion qu’elle ne remarque pas qu’elle est au bord du suicide qui est un péché grave. Elle vit sa vie dans la contradiction parce qu’elle n’a personne pour lui servir de guide dans le chemin tumultueux de la vie.



2. La Psychanalyse de L’héroïne Alissa

Dans un premier temps, nous allons étudier le milieu familial d’Alissa. Il est important de savoir la place qu’elle y tient et la valeur qu’on lui donne. Pour pouvoir faire une psychanalyse correcte, il va falloir considérer les données au sujet de la personne analysée et faire un saut vers son passé où se dissimule la clef des problèmes. « Freud a fait une grande révolution en psychiatrie sur la notion de répression avec les techniques qu’il a développées pour y faire face. L'hypothèse de Freud était que le patient, un patient névrotique en général, avait des conflits inconscients. Le patient ne comprenait pas ces conflits provenant de son passé parce que les souvenirs les concernant avaient été refoulés. » (Morgan, 1974, p. 324) « La conscience est, par nature, une sorte de couche superficielle, d’épiderme flottant sur l’inconscient qui s’étend dans les profondeurs, tel un vaste océan d’une parfaite continuité. » (Ertz, 2014, p. 8)

Par la suite nous allons essayer de découvrir les raisons de l’anxiété d’Alissa qui plus tard transformeront complètement la vie de cette jeune fille et la rendront insupportable. Alissa traverse une adolescence tumultueuse en présence de sa mère et de sa famille. Après la fuite de sa mère Lucile Bucolin, Alissa prendra la responsabilité de sa famille. Dans l’intention de protéger le Moi, Alissa refoule le passé pour l’oublier complètement. Elle rejette ses émotions et ses tristesses dans l’inconscient. Cette répression du passé la hantera toute sa vie. « La lecture psychanalytique de la littérature va donc s’apparenter à celle des formations de l’inconscient, c’est-à-dire le rêve, le lapsus, le trait d’esprit, le fantasme. Freud cherchera à démasquer derrière le discours conscient les désirs refoulés et mettra en lumière les processus de condensation et de déplacement à l’œuvre, les déformations engendrées par la censure. » (Rougé, 2011, p. 15) Alissa ne saura pas la cause de son mal même quand elle fera une analyse de sa tristesse par l’intermédiaire du journal qu’elle tiendra plus tard. Comme elle n’a personne pour l’aider à s’en sortir, elle déprimera de jour en jour. Avec l’anxiété et le stress causés par l’environnement, Alissa sera entrainée vers la dépression qui est le principal facteur d'évolution des maladies. Avec ce stress intense, Alissa devient de même victime du perfectionnisme. Alissa croit qu’elle est un échec dans sa vie et ainsi, elle exige d’elle-même d’être parfaite. Tous ces troubles psychologiques sont dus à la fuite de Lucile Bucolin qui fut la honte de la famille à l’égard de la société. Alissa qui est sa fille aînée ne veut en aucun cas lui ressembler car sa mère représente la honte et le mal dans cette société. Mais en voulant éviter d’être comme sa mère, Alissa emprisonnera son cœur sous des taches bien lourdes pour son jeune âge. Plus tard elle finira par étouffer sous la pression du perfectionnisme qui gâchera toute sa vie. Elle souffrira d’anorexie mentale sans s’en rendre compte et ne pourra plus rien faire d’autre que maigrir.

2.1. Le Milieu Familial d’Alissa 

Alissa est l’enfant aînée de la famille. Elle a tout juste quatorze ans, sa sœur Juliette en a onze et son frère Robert dont l’âge n’est pas mentionné est le plus jeune d’entre elles. Sa mère, Lucile Bucolin, était une créole abandonnée ou orpheline. Elle avait été recueillie par le ménage du Pasteur Vautier n’ayant pas encore d’enfants. Avec le temps madame Vautier avait eu deux enfants. Celle-ci commençait à redouter le caractère bizarre de sa fille adoptive ayant une mauvaise influence sur ses enfants. Ainsi elle a accepté de la marier à seize ans avec le jeune Bucolin qui s’était épris d’elle. Au grand chagrin de ses parents et de sa mère, le jeune Bucolin a fondé sa famille avec Lucile qui est plus jeune que lui. Nous pouvons ajouter que Lucile s’est mariée à un âge bien jeune. C’est l’âge de l’adolescence et de l’innocence.

Pendant les vacances d’été, Lucile Bucolin aime à vivre une vie oisive malgré les trois enfants qu’elle a. Elle reste généralement dans sa chambre et ne descend qu’au repas de midi. Ensuite, elle s’allonge sur un sofa, y demeure jusqu’au soir et ne se relève que languissante. Elle aime à se regarder dans son petit miroir et mettre son mouchoir fin sur son front qui pourtant est parfaitement mat. Allongée, elle rêvasse souvent avec un livre à la main et ne se préoccupe pas des gens qui l’entourent. Comme elle est séduisante et jeune, elle paraît comme la sœur ainée de ses deux filles. Alissa a une tante habitant à Paris avec son fils, Jérôme, et son amie Flora Ashburton. Elle vient chaque été leur rendre visite à Fongueusemare. Alissa a une deuxième tante habitant au Havre, madame Plantier.

Dans cette partie qui nous est présentée aux premières pages du récit, nous remarquons que Lucile Bucolin est un volcan dormant qui va passer en éruption. Elle va faire bien des dégâts à son réveil et va bouleverser la vie de ses enfants, en particulier celle d’Alissa. Ses habitudes et ses manières montrent qu’elle n’est pas heureuse dans cette famille où elle est mère de trois enfants. Rien ne l’empêche de rêver et de s’imaginer dans une autre vie. L’approche repoussante de sa belle-sœur, la mère de Jérôme, va activer son détachement de la famille. Cette belle-sœur qui est toujours en compagnie de son amie Mrs Ashburton, considère mal Lucile Bucolin. Ce n’est pas exprimé clairement dans le livre mais elle doit sûrement la regarder d’un mauvais œil et l’expulser par ses paroles et ses gestes. Parfois les gestes disent plus que les mots. Au début du livre, Lucile Bucolin est mal vue par la mère de Jérôme qui lui reproche de ne pas porter le deuil.

2.2. La Visite de sa Tante Accompagnée de Jérôme et de Son Amie Flora Ashburton 

Julien qui a perdu son père vers ses douze ans, a mûri par son chagrin. Il est devenu plus sensible qu’auparavant. Celui-ci remarque que Juliette et Robert sont encore des enfants mais qu’Alissa est mûre comme lui. Cette ressemblance les rapproche et crée une intimité entre eux. Alissa a un air grave dans son regard. Cela prouve qu’elle sait des choses que sa sœur et son frère ignorent. Ce regard est un signe qui nous montre qu’Alissa est anxieuse. Elle commence à craindre un danger qui menace sa famille. Elle a peur et elle n’a pas la conscience tranquille.

Malgré des mois passés, la mère de Julien porte encore le deuil parce que Julien n’aime pas voir d’autres couleurs sur elle à part le noir. A la vue de Lucile Bucolin portant une robe blanche et un châle rouge couvrant ses épaules nues, la mère de Jérôme s’énerve. Elle en fait part à son amie, Mrs Ashburton. Celle-ci essaie de la calmer. Lucile Bucolin est mal vue par la mère de Jérôme qui lui en veut de ne pas faire le deuil. « ―Et vous appelez aussi de deuil ce châle rouge qu’elle a mis sur ses épaules ? Flora vous me révoltez! s’écriait ma mère. » (Gide, 1909, p. 7).

Cette phrase résume la relation entre ces deux personnes. Il y a des signes de jalousie chez la mère de Jérôme envers Lucile Bucolin. Elle ne supporte pas de la voir belle et bien habillée. Lucile Bucolin n’est pas obligé de porter le deuil de sa belle-sœur. De plus, la mère de Jérôme y avait renoncé à un moment de sa vie. Puis elle l’avait repris avec la remarque de Jérôme.

Elles s’évitent d’une façon réciproque. En ce qui concerne Jérôme, celui-ci la craint et l’admire en même temps. Un jour, Lucile Bucolin essaie d’abuser de lui. Sous prétexte d’arranger les cols marins de Julien, elle l’attire contre elle et commence à le toucher. Comme Julien se sent souillé par cette femme effrontée, il s’éloigne d’elle pour laver tout ce qu’elle a touché.

Certains jours, Lucile Bucolin a sa crise. Elle pousse des cris affreux dans la maison. Tout le monde s’alarme. Miss Ashburton s’occupe des enfants, le père d’Alissa court dans les couloirs à chercher des serviettes et de l’eau de Cologne, les serviteurs s’affolent et s’écrient qu’elle va mourir… Après sa crise, elle appelle Juliette et Robert dans sa chambre mais jamais Alissa. Lucile fait une discrimination parmi ses enfants. Elle repousse sa fille Alissa car celle-ci a de l’affection pour son père. Alissa s’enferme dans sa chambre durant ses tristes jours et c’est son père qui vient la retrouver. La mère de Jérôme considère ces crises de nerfs comme de la comédie. Pour elle, Lucile est une comédienne qui s’amuse à torturer son frère. Celui-ci garde une mine anxieuse et vieillie après chaque crise. Lucile Bucolin ne s’exprime pas par des mots, elle ne se défend pas oralement contre la mère de Jérôme. Elle s’énerve et se venge de cette belle-sœur à sa façon.

2.3. Le bouleversement d’Alissa après la fuite de sa mère 

Après leur retour à Paris, une dépêche annonce la fuite de Lucile Bucolin. Jérôme revient au Havre avec Miss Ashburton et retrouve Alissa dans la petite chapelle. Le pasteur Vautier lit les paroles du Christ disant qu’il faut s’efforcer d’entrer par la porte étroite. Jérôme remarque que son oncle est assis à côté de sa mère et qu’il pleure. La faiblesse du père est un désavantage pour Alissa qui a besoin de son soutien. Son père reste impuissant devant cette situation inattendue et difficile à accepter. Il n’y a pas beaucoup de monde dans la chapelle et le pasteur Vautier continue à lire son texte de méditation, sans doute intentionnellement. Cette honte est assez suffisante pour réduire Alissa à zéro devant les autres. Le pasteur Vautier annonce d’une façon implicite que Lucile Bucolin a commis un péché odieux en prenant la fuite.

Alissa est une jeune fille de seize ans et comme toutes les jeunes filles, elle a besoin du soutien de sa mère. En l’absence de celle-ci, Alissa se retrouve toute seule avec un père faible de caractère accompagné de deux petits enfants. Son petit frère Robert est pensionnaire avec Jérôme et Abel Vautier. Jérôme s’occupe de Robert tous les dimanches juste parce que c’est le frère d’Alissa. Jérôme est amoureux d’elle et la considère comme la perle de grand prix de L’Evangile. Ainsi Jérôme met dans la tête d’Alissa l’idée de la perfection sans savoir que cela entrainera Alissa vers un chemin besogneux. Après la fuite de sa femme, monsieur Bucolin cherche le soutien, le conseil et le réconfort auprès de sa fille aînée. Il se laisse aller dans son chagrin qui le rend vieux. Il ne parle pas aux repas, il reste des heures à fumer dans son bureau et se fait prier pour en sortir. Alissa l’emmène comme un enfant dans le jardin. Nous remarquons qu’un fardeau lourd pèse sur les épaules d’Alissa qui se conduit comme une adulte à son jeune âge. Elle partage même les plaintes les plus personnelles de son père. Celui-ci ne se gêne pas pour accabler le cœur de sa fille par des propos qu’il devrait garder pour lui-même. Un jour, monsieur Bucolin dit à Alissa que le soutien se compose d’affection et d’estime. Il avance tristement que ces deux éléments lui ont manqué. Alissa prend la responsabilité de sa famille en sa charge jusqu’à s’oublier elle-même. Avec la fuite de sa mère, son cœur déjà souffrant se met en deuil.

La fuite de sa mère fait des secousses dans le monde intérieur d’Alissa. L’abandon de cette mère libertine ouvre des plaies qui ne se refermeront jamais. Alissa ne pleure pas comme son père et elle ne montre aucun signe émotionnel. Elle est glacée par ce changement qui affecte sa vie. Elle n’est pas encore consciente des effets psychologiques de cet abandon. Ces effets commencent à s’accumuler dans son inconscient et qui par la suite la commandera sans qu’elle en sache les raisons. L’inconscient d’Alissa est comme un grand glacier dont on ne voit qu’une petite partie en surface. Alissa n’est pas encore consciente de bien des choses. Avec l’abandon de sa mère, c’est une enfant dévalorisée. Si elle avait eu de la valeur, sa mère ne l’aurait pas quittée.

2.4. L’amour Triangulaire entre Jérôme, Alissa et Juliette 

Jérôme est fou amoureux d’Alissa. Il lui fait un serment. « ―Tout ce que je serai plus tard, c’est pour toi que je le veux être. » (Gide, 1909, p. 23) Par cette phrase, Jérôme essaie d’enchaîner le cœur d’Alissa. Il lui fait une grande promesse voulant dire qu’il veut être son avenir, sa destinée, etc. Celle-ci s’intéresse à lui mais elle le repousse en se réfugiant derrière la religion. Après la fuite de sa mère qui a troublée sa vie, Alissa doute de l’amour. L’union familiale qui a facilement été détruite ne lui paraît pas comme quelque chose de fiable. Sa mère, Lucile Bucolin, a vite suffoqué aux pressions féminines de sa tante et elle s’est enfuie avec un militaire en laissant ses trois enfants derrière elle. Cette union brisée a tellement fait souffrir son père qu’Alissa s’est armée contre toutes sortes d’avances. C’est pour cette raison qu’elle reste froide devant l’élan amoureux de Jérôme. L’esprit de celui-ci est tellement occupé par l’amour pour Alissa que même la mort de sa mère ne coupe pas son élan. Il pense que le deuil précipitera sa cousine vers lui.

Aux vacances de Pâques, Jérôme va au Havre chez sa tante Plantier qui est assez maladroite dans les relations humaines. Elle essaie de compliquer la vie de Jérôme en disant que sa présence à Fongueusemare serait mal vue. De plus, elle dit ouvertement qu’elle préférerait Juliette à Alissa comme épouse pour Jérôme. Elle la trouve plus belle et plus joyeuse. La tante Plantier est comme le symbole de la gêne. Après le départ de cette tante, Jérôme continue à rester chez son oncle.

A Fongueusemare, Juliette se lève tôt comme Jérôme et ils parlent d’Alissa. Juliette fait la messagère entre sa sœur et Jérôme car celui-ci est craintif devant Alissa. Alissa fait un rêve étrange. Dans son rêve, Jérôme était mort et elle vivait. C’était insupportable pour Alissa. Ils étaient séparés et elle sentait qu’il y avait un moyen de le rejoindre. Elle cherchait comment y arriver et elle a fait un tel effort que cela l’a réveillée. Le rêve d’Alissa est un micro historiette résumant leur vie à deux. « Ce matin, je crois que je restais sous l’impression de ce rêve ; c’était comme si je le continuais. Il me semblait encore que j’étais séparée de toi, que j’allais rester séparée de toi longtemps, longtemps ―et très bas elle ajouta: toute ma vie ― et que toute la vie il faudrait faire un grand effort… » (Gide, 1909, p. 31) Alissa reste sous l’influence de ce rêve et a l’impression qu’il va continuer toute sa vie. Ce rêve est une voie qui mène vers l’inconscient d’Alissa. Celle-ci a tellement peur de perdre Jérôme qu’elle le voit mort dans son rêve. Nous en déduisons que les craintes d’Alissa se sont exprimées dans son sommeil. D’après Alissa, la mort peut rapprocher les personnes qui ont été séparées dans la vie.

Un jour, Alissa écoute la conversation qui se passe entre Jérôme et Juliette. Jérôme raconte sa vision concernant le mariage, la vie, etc. Comme Alissa est assez intelligente, elle comprend vite la grande différence qu’il y a entre elle et Jérôme. Jérôme ne veut pas s’unir avec elle devant la convenance de Dieu et de leur famille. Il a une âme libertine comme Lucile Bucolin qui a fini par s’évader du foyer familial. De plus, elle a compris que sa sœur Juliette s’était éprise de Jérôme. Tout cela est beaucoup trop fort pour Alissa qui se réfugie dans le silence. Elle refuse les fiançailles que Jérôme lui propose et celui-ci quitte le Havre. Le coup est perdu. Alissa se retrouve dans son rêve. Elle comprend qu’à partir de cet instant, rien ne sera comme avant ; les jours de leur tendre enfance.











2.5. L’âme Perfectionniste d’Alissa 

Maintenant une grande peur règne dans le cœur d’Alissa. Cette peur est divisée en deux parties. Elle a peur de ces deux choses-là:

Ne pas plaire à Jérôme. Comme Alissa a deux ans de plus que Jérôme, elle a peur d’être trop âgée pour lui. Elle veut qu’il soit un peu plus avancé dans la vie et qu’il rencontre d’autres femmes avant de se décider aux fiançailles.

Souffrir: Alissa a peur d’être mal aimé par Jérôme. Elle ne veut pas revivre ce que son père a vécu. Lucile Bucolin ne lui a pas été fidèle et elle ne l’a pas respecté. Alissa a peur de finir sa vie comme son père, abandonnée et triste.

En vérité, Alissa s’est armée contre Jérôme et la vie mais ce qu’elle ignore, c’est qu’il n’y a pas de garantie dans la vie. Tout peut arriver et nous ne pouvons pas tout contrôler. Nous voyons apparaître l’âme perfectionniste d’Alissa qui veut que tout soit parfait dans sa vie. Elle veut soit une vie en rose, soit rien. Ce qui l’entraine plus tard vers une impasse.

2.6. Le Sacrifice d’Alissa 

A Noël, tante Plantier cause avec Alissa en décorant le sapin de Noël. Sur la demande de Jérôme, elle questionne Alissa et apprend les raisons de son refus pour le mariage. Alissa lui avoue qu’elle ne veut pas se marier avant sa sœur Juliette. Alissa dit aussi qu’elle ne peut pas quitter son père qui a besoin de son soutien. Et pour en finir, Alissa dit qu’elle est trop âgée pour lui et qu’il ferait mieux de se marier avec quelqu’un de l’âge de Juliette. En vérité, Alissa se sacrifie pour sa famille déjà détruite en partie par Lucile Bucolin. Cette femme libertine, égoïste et infidèle a édifié son bonheur sur le malheur de monsieur Bucolin et de ses enfants. Elle ne s’est pas retourné une seule fois en arrière pour voir ce que sont devenus ses enfants. Alissa se sacrifie pour une sœur qui ne s’est pas gênée de la nuire. Cette sœur égoïste, infidèle et libertine a tout le caractère de sa mère Lucile. Après sa fuite avec un militaire, Lucile tient une place importante dans la famille malgré son absence. Elle est présente dans le caractère de Juliette, dans les dégâts qu’elle a causés chez monsieur Bucolin… Monsieur Bucolin reste dans une mélancolie continue. Cette dépression le paralyse et il mène une vie misérable. Quant à Alissa, par faute de ressembler à sa mère, elle s’enferme dans une prison dont les barreaux invisibles la retiennent à l’intérieur. Son âme perfectionniste devient le gardien de cette prison. Cette âme veut qu’elle soit parfaite aux yeux de la société, de sa famille et le plus important pour elle c’est le perfectionnisme devant Dieu.

Jérôme apprend par la tante Plantier qu’Alissa refuse de se marier avant sa sœur. Cette nouvelle le rend triste. Mais nous savons qu’au début Jérôme était contre le mariage. Il voulait vivre avec Alissa sans être marié. Et maintenant il se désole qu’elle ne veuille pas se marier pour le moment. Il y a un déséquilibre dans les pensées et les comportements de Jérôme. Ce va et vient suffit à déconcerter Alissa qui est d’une nature fragile. La meilleure solution pour elle qui n’a que Dieu comme guide, c’est de s’enfermer dans sa coquille. Alissa fait un pas en arrière sous la pression psychologique dans laquelle elle s’y trouve. Elle sacrifie son amour.

2.7. La Solitude Pesante d’Alissa 

Juliette continue à rivaliser avec sa sœur Alissa et cette fois-ci c’est sur le domaine du sacrifice. Elle veut épouser Edouard Teissières qui la demande en mariage, juste pour devancer sa sœur qui s’est sacrifiée pour elle. Abel est dégouté par Juliette qui pousse son jeu vers l’extrême. « ―Parbleu ! La petite fait de la surenchère, dit-il d’une voix sifflante. ―Elle ne veut pas rester au-dessous de sa sœur. Pour sûr que les anges applaudissent là-haut ! » (Gide, 1909, p. 63)

Pour Alissa, sa famille est d’une importance primordiale. Elle se comporte comme une mère envers son frère Robert et sa sœur Juliette. Elle est pleine de tendresse pour cette sœur qui rivalise avec elle. Après la crise de nerfs de Juliette qui s’évanouit, Alissa s’affole et lui embrasse les pieds. Cette tendresse maternelle et protectrice emplit le cœur d’Alissa. Cette peur de la perdre hante son cœur et la retient devant les insistances de Jérôme. Elle en veut à ce dernier d’avoir fait part de leur amour à Juliette et à Abel. Jérôme regagne Paris après l’évanouissement de Juliette. Il apprend qu’elle est folle amoureuse de lui. Avec le temps, Juliette reprend ses forces et se marie avec Edouard. Alissa supplie Jérôme de ne pas venir à Fongueusemare alors que sa sœur Juliette n’y est plus. Elle a tellement peur de ruiner le bonheur de sa sœur Juliette qu’elle ne veut pas voir Jérôme même en son absence. Dans sa solitude Alissa souhaite la présence de Jérôme. Elle commence à en souffrir. Alissa aime à écrire à Jérôme. Elle est toute enthousiaste mais elle ne veut pas le voir. Elle préfère vivre l’amour à distance parce qu’elle n’est pas prête pour affronter Jérôme. « …Non, n’écourte pas ton voyage pour le plaisir de quelques jours de revoir. Sérieusement, il vaut mieux que nous ne nous revoyions pas encore. Crois-moi: quand tu serais près de moi, je ne pourrais penser à toi d’avantage. Je ne voudrais pas te peiner, mais j’en suis venue à ne plus souhaiter – maintenant – ta présence. Te l’avouerais-je ? Je saurais que tu viens ce soir…je fuirais. » (Gide, 1909, p. 78) De son coté, Jérôme se réjouit de même d’être seul à Nancy où il ne connait personne. Il y fait son service militaire.

Alissa et son père vont aux environs de Nîmes pour rejoindre Juliette car cette dernière attend un enfant. Alissa découvre péniblement dans ces lieux étrangers qu’elle est malheureuse. Elle se sent humiliée parmi la gaieté étrangère qui l’entoure. La joie et les rires des gens la dégoûtent. Sa vertu de résistance est sans emploi sur ces terres. « Enfin, je m’étais fait, à Fongueusemare et au Havre, une vertu de résistance à l’usage des jours de pluie; ici cette vertu n’est plus de mise, et je reste inquiète de la sentir sans emploi. » (Gide, 1909, p. 83) Ainsi elle commence à tenir un journal parce qu’elle se sent très seule sur ces terres qui lui sont étrangères. Elle a ses vingt-cinq ans. Elle écrit ses inquiétudes sur ce cahier quand elle ne reçoit plus de nouvelles de Jérôme. Elle souffre d’une étrange mélancolie depuis son arrivée à Aigues-Vives mais elle découvre que cette mélancolie était présente depuis longtemps. Elle était seulement recouverte de joie et c’est pour cette raison qu’elle ne s’en était pas aperçue. Alissa pense que sa sœur Juliette n’a pas eu besoin de son sacrifice pour être heureuse. La sœur Juliette vit le bonheur qu’Alissa a tant souhaité avec Jérôme. Par l’intermédiaire de ce cahier, Alissa fait une analyse dans la profondeur de son être et elle essaie de comprendre les raisons de sa tristesse. Avec ce cahier qui est comme un miroir reflétant son âme, Alissa essaie de redevenir heureuse. « La tristesse est un état de péché, que je ne connaissais plus, que je hais, dont je veux décompliquer mon âme. Ce cahier doit m’aider à réobtenir en moi le bonheur. » (Gide, 1909, p. 125) Alissa ne ressentais pas sa solitude à Fongueusemare parce que les souvenirs de Jérôme lui tenaient compagnie. Tandis qu’à Nîmes, elle découvre la vérité: son bonheur est faux, artificiel et sans couleur. Elle prend conscience que la relation amoureuse qu’elle vit n’est qu’un mirage auquel elle a cru bêtement. Ainsi, Alissa ouvre enfin les yeux et elle découvre qu’elle a mené une vie stupide jusque-là en s’armant de la vertu. C’est un réveil qui la secoue et la trouble en même temps. Ce sentiment qu’elle a raté sa vie l’accable. Les oiseaux migrateurs sont déjà partis et elle est restée seule à geler dans le froid qui est sa solitude. Par contre, tout va pour le mieux pour les autres membres de la famille. Robert accompagne le mari de Juliette dans son dernier voyage d’affaires. Son père reprend le goût à la vie. Il s’intéresse de nouveau à la ferme, au jardin et aux livres. Personne ne remarque qu’Alissa est dans la dépression. Elle ne prend plus goût aux livres. Elle n’a aucune envie de les lire. « Les livres sont sans vertu, sans charme, les promenades sans attrait, la nature entière sans prestige, le jardin décoloré, sans parfums. » (Gide, 1909, p. 85) Ses lettres pour Jérôme deviennent troubles et pressantes. « Je vais un peu moins bien depuis quelque temps; oh! Rien de grave. Je crois que je t’attends un peu trop fort, simplement. » (Gide, 1909, p. 85) Ces lettres sont en effet un appel de la part d’Alissa pour Jérôme. C’est plutôt une demande de secours. Nous ignorons ce que répond Jérôme à ces lettres mais nous sentons une lenteur et presque une indifférence de la part de Jérôme dont le caractère devient flasque. Il faut ajouter que Jérôme n’a plus d’amour pour Alissa comme il le prétend car l’amour et la paix ne peuvent pas habiter dans le même cœur. Si Jérôme aimait encore Alissa, il ne pourrait pas rester tranquille à sa place. Il se serait inquiété et serait revenu la voir à tous prix. Il a guéri de la maladie d’amour, une maladie de la jeunesse, sinon il serait resté tout près d’elle à chaque occasion ou bien il l’aurait emmené avec lui. Jérôme ne ressent plus ce mal de cœur qui maintenant ronge le cœur d’Alissa et la fait souffrir. Son seul remède c’est Jérôme parce qu’elle a cru en lui de tout son cœur mais celui-ci garde un grand silence et une grande indifférence devant cette souffrance mortelle. Il ignore que l’être est responsable des personnes qu’il a aimées. « – Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose… » (Saint-Exupéry, 1946, p. 92)

Jérôme n’a pas le sens de la responsabilité. Il est égoïste. Quand c’est lui qui souffre, il pleure, il se plaint et il veut qu’on le console comme un bébé mais quand c’est quelqu’un d’autre qui souffre, il reste froid, distant et indifférent. Quelles qu’en soient les raisons, il faut donner un coup de main à la personne en détresse. C’est un acte humain qui est la moindre des choses.

2.8. Alissa Découvre que le Charme de L’amour s’est Rompu 

Alissa et Jérôme n’ont plus leur mère et c’est la tante Plantier qui se charge de les accueillir. Leur première rencontre se passe dans la gêne. Ils sont décontenancés car chacun s’empresse de se retirer devant eux pour les laisser seuls. La tante Plantier comme d’habitude a des manières maladroites. Elle fait des efforts indiscrets pour se retirer et elle énerve Alissa: « ―Je t’en prie, tante ; tu nous désobligerais en partant ; ―et cela était dit d’un ton presque irrité où je reconnaissais à peine la voix d’Alissa. » (Gide, 1909, p. 87)

Alissa ne sait pas prendre la vie comme elle vient. Elle s’irrite quand elle remarque que quelque chose n’est pas parfait. Cette première rencontre ressemblant à une comédie s’achève très vite. Le deuxième jour, Jérôme arrive avant l’heure du repas chez son oncle. Il trouve Alissa en train de causer avec une amie qui n’a pas la discrétion de partir. Alissa et Jérôme qui ont passé une nuit blanche, paraissent énervés et fatigués. Jérôme remarque que son oncle a vieilli et qu’il est devenu dur d’oreille. L’obligation de crier pour se faire entendre gâche leur conversation. Alissa le remarque aussi. La tante Plantier apparaît de nouveau après le déjeuner. Elle les emmène à Orcher dans l’intention de les laisser seul pour qu’ils fassent une promenade. Maladroite comme d’habitude, la tante Plantier les attend au lieu de rentrer chez elle. Alissa et Jérôme s’inquiètent d’être en retard pour la voiture de leur tante. Cette promenade se gâche aussi car ils marchent rapidement sous le soleil. Ils sont tous les deux en sueur et Jérôme n’ose pas garder la main moite d’Alissa et la laisse retomber. İls gardent le silence en attendant la voiture de la tante. Un vent froid s’élève et les transit. En vérité ce vent est le symbole de la séparation, de la rupture entre ces deux amoureux. Dans la voiture, la tante Plantier les oppresse de questions. Alissa attristée par cette promenade prétexte un violent mal de tête. Et le retour s’achève dans le silence. Jérôme reste indifférent devant cette scène et ne fait rien de sa part.

Le lendemain, Jérôme se lève un peu malade et va chez les Bucolin dans l’après-midi. Jérôme trouve Alissa en présence de Madeleine Plantier, fille de la tante Plantier. Ils bavardent un peu et après Jérôme prend congé en disant « adieu » à Alissa. Cela fait une douche froide sur Alissa qui lui sourit étrangement. Jérôme agit brutalement en partant ainsi. Nous remarquons qu’il a encaissé certaines choses et qu’il se venge à sa façon. Jérôme est un personnage rancunier et sans responsabilité malgré qu’il a l’air docile et dévoué. Alissa ouvre enfin les yeux. Elle remarque que leur amour par correspondance est bien loin de la réalité. « Je suis rentrée, désespérée, t’écrire… que je ne voulais plus t’écrire… une lettre d’adieu… parce qu’enfin je sentais trop que notre correspondance toute entière n’était qu’un mirage, que chacun de nous n’écrivait hélas! qu’à soi-même et que… Jérôme! Jérôme! ah! que nous restions toujours éloignés! » (Gide, 1909, p. 91)

Par la suite, Alissa lui avoue que de loin, elle l’aime d’avantage. Ceci dit, nous remarquons que cette âme perfectionniste préfère l’amour artificiel à l’amour réel. Elle voit bien qu’elle ne pourra pas être heureuse en présence de Jérôme et elle laisse à Dieu leur rapprochement. Elle fait ses adieux à Jérôme et s’engage dans cette voix qui la mènera plus tard à la mort. « Adieu, mon frère tant aimé ; que Dieu te garde et te dirige: de Lui seul on peut impunément se rapprocher. » (Gide, 1909, p. 91) Le mécanisme du perfectionnisme se met en marche. Elle se rapproche à petits pas vers le suicide qu’elle enrobe par la religion. La partie est perdue. Tout est fini pour ces deux êtres qui se laissent emballer par la fierté. Nous remarquons que la fierté domine leur cœur plus que l’amour. « Maintes fois tu m’as blessée en entretenant Juliette ou Abel de ce qui eut dû rester entre toi et moi, et c’est bien là ce qui, longtemps avant que tu t’en doutes, m’as fait penser que ton amour était surtout un amour de tête, un bel entêtement intellectuel de tendresse et de fidélité » (Gide, 1909, p. 92) Alissa en veut à Jérôme d’avoir agi avec fierté.

2.9. Le Suicide d’Alissa 

Trois bonnes années passent. Cette longue attente fatigue le cœur d’Alissa. «Oh! que l’attente me fatigue!...» (Gide, 1909, p. 138) Par la suite, Alissa devient inconsciemment une proie à l’anorexie mentale. La vie dure qu’elle a menée l’a rendue malade et à présent, elle en souffre atrocement. L’anorexie mentale présente ses symptômes bien identifiés. Sur le chemin de la vie qui ne lui a pas été douce, Alissa a perdu confiance en elle-même mais aussi en Jérôme. A Nîmes, elle a découvert combien elle était seule et abandonnée Par cause de paraître comme une jeune fille de grande vertu, elle a rejeté la séduction et ses désirs. Tout ce qu’elle voulait en vérité, c’était de plaire à Jérôme, d’être le symbole de la vertu. Ainsi elle aurait eu le grand amour mais les choses ne se sont pas déroulées comme elle l’attendait. Sa jeunesse s’est écoulée dans la solitude et la tristesse parce que Jérôme est devenu distant et froid. A présent Alissa se sent impuissante face à la vie, à l’avenir et à la guérison. Alissa s’approche pas à pas du suicide malgré elle. Elle aime la vie ainsi que Jérôme mais cette détresse l’attire vers le fond comme un sable mouvant. Plus elle se débat et plus elle s’y enfonce. « Mon Dieu, vous savez bien que j’ai besoin de lui pour vous aimer. » (Gide, 1909, p. 135) « Mon Dieu, donnez-le-moi, afin que je Vous donne mon cœur. » (Gide, 1909, p. 136) « Mon Dieu, je crie à Vous ; ne m’abandonnez pas dans ma détresse. » (Gide, 1909, p. 136)Alissa devient malade mentalement et sa façon de raisonner nous montre bien qu’elle passe une période très pénible. Elle agit à la façon d’une malade fiévreuse. Dans sa tristesse, elle s’en prend à Dieu « Dieu jaloux, qui m’avez dépossédée, emparez-vous donc de mon cœur. Toute chaleur désormais l’abandonne et rien ne l’intéressera plus. » (Gide, 1909, p. 139)

Personne ne remarque qu’Alissa est vraiment malade. Elle a perdu du poids et elle est devenue très maigre. Elle est devenue anorexique à force de se priver de tout. « L’anorexie mentale n’est qu’une des manifestations d’un grand désir d’anéantissement de soi, joint à un grand désir de vertu, doublé de grands moyens pour venir à bout de ses projets, l’anorexie mentale offre une optique utile et frappante sous laquelle examiner certains des « personnages » les plus saillants de notre vie culturelle. » (Brown, 2008, p. 20)

Jérôme part retrouver Alissa à Fongueusemare. Son oncle est mort il y a dix mois et Alissa vit avec son frère Robert qui a une attitude distraite et indifférente envers sa sœur. Jérôme retrouve Alissa pâle et maigre. Vers la fin de sa vie, Alissa veut remettre la croix d’améthyste à Jérôme. Nous remarquons une contradiction dans les idées d’Alissa: elle a sacrifié son amour et s’est retirée de la vie de Jérôme pour que celui-ci s’avance dans la soi-disant vertu mais maintenant elle veut le voir marié avec une autre. Il n’y a pas de logique dans les pensées d’Alissa.

Ils causent ensemble et Alissa lui redonne la croix d’améthyste. Alissa lui avoue qu’elle n’aurait pas supporté une vie ordinaire. Son coté perfectionniste apparaît de nouveau. « J’ai souvent réfléchi à ce qu’eut été notre vie l’un avec l’autre; dès qu’il n’eut été plus parfait, je n’aurais plus pu supporter… notre amour. » (Gide, 1909, pp. 118-119)

Jérôme voit avec stupeur qu’Alissa est au bord d’un précipice. Il se révolte et essaie de la retenir mais c’est trop tard. Dans cette partie, Jérôme ressemble à Meursault dans l’œuvre L’Etranger d’Albert Camus. Meursault sort de sa stupidité juste avant sa mort car il prend conscience de la situation mais c’est trop tard. Dans ce récit, Jérôme se rend compte que sa vie n’aura aucun sens sans la présence d’Alissa. Il remarque qu’en délaissant Alissa, il a commis l’erreur de sa vie. Il s’est trahi lui-même.

Le soir Alissa rappelle le vers de l’Ecriture à Jérôme. « Ils n’ont pas obtenu ce qui leur avait été promis, Dieu nous ayant réservés pour quelque chose de meilleur… » (Gide, 1909, p. 119) Elle se retourne vers Jérôme et lui fait ses adieux. « ―Adieu! fit-elle. Non, ne viens pas plus loin. Adieu, mon bien-aimé. C’est maintenant que va commencer… le meilleur. » (Gide, 1909, p. 119) Jérôme est inquiet et écrit une lettre à Juliette. Trois jours après la visite de celui-ci, Alissa quitte brusquement Fongueusemare pour se réfugier dans une maison de santé. Elle y meurt toute seule. Le directeur de la maison annonce sa mort à sa famille.



3. La Satire de la Vertu Chez Gide

La satire est un genre de composition littéraire qui a pour but d’attaquer les vices, les passions à l’excès, les bêtises et les défauts des personnes ou de la société. Dans ce récit La porte étroite, André Gide nous fait la critique de la vertu chez Alissa. « Romancier, et non apologiste, il a voulu retracer, dans La Porte étroite, le drame d’une âme protestante en qui se jouât le drame essentiel du protestantisme. Son récit restitue dans leur beauté les mouvements d’âme admirables que fait naître la gloire célestielle d’Alissa, mais il demeure ironique lorsqu’il s’agit d’en juger les dangers pour elle-même et pour les autres: Gide, appliqué à sa création romanesque, ne se reconnait plus que des devoirs d’artiste véridique (cf. p. 282). C’est sous ce jour qu’il faut aborder l’histoire d’Alissa. » (Lagarde-Michard, 1989, p. 296) Dans la Porte étroite, Jérôme a toujours tendance à refuser les fiançailles ou le mariage, alors que le mariage est un pacte sacré pour les couples. Il a une vue différente de la société à ce sujet. « Mais pourquoi nous fiancerions-nous ? Ne nous suffit-il pas de savoir que nous sommes et que nous resterons l’un à l’autre, sans que le monde en soit informé ? » (Gide, 1909, p. 34) « Jamais il n’est question de mariage entre nous, ni de ce que nous ferons ensuite. » (Gide, 1909, p. 35) Avec cette phrase où la négation ne… jamais y prend place, Jérôme avoue qu’il entrevoit une vie aventureuse avec Alissa sachant tout à la fois qu’elle n’aime pas voyager. Jérôme ne veut pas fonder une famille et avoir une vie stable mais il veut vivre librement en compagnie d’Alissa sans les liens du mariage. «Gide considère la famille et le mariage comme un obstacle devant l’amour. Il les perçoit comme une union forcée en résultat d’un effet de la vue traditionnelle concernant la religion et la morale. » (İşler, 2004, p. 101) En critiquant les passions à l’excès des croyants, Gide veut valoriser l’épanouissement de la vie intellectuelle et libertine. Par l’intermédiaire d’Alissa, Gide fait l’ironie de la vie pieuse. Alissa manifeste un dévouement sincère à Dieu. Elle suit les préceptes da sa religion.

« Pour Alissa, la mort n’est pas un châtiment- et par là elle se montre profondément chrétienne. La mort est l’union suprême avec Dieu, un état de béatitude auquel tout mortel devrait aspirer. Elle ne conçoit pas la mort comme une séparation, comme le fait Jérôme, mais comme la possibilité de s’accomplir. La mort transporte l’âme dans un monde, dans un espace de la pureté, où le péché n’existe pas et où les âmes de ceux qui s’aiment peuvent enfin se réunir. » (Lefter, p. 75)



4. Conclusion

Alissa fait tout dans l’intention de plaire à Jérôme. Elle s’engage dans la voix de la vertu juste pour lui mais cette vertu devient un mur entre elle et son bien aimé ou plus exactement une résistance à l’amour. La vertu qui n’a pas été suffisamment bien comprise de la part d’Alissa fouette son côté perfectionniste qui complique davantage les choses. La relation amoureuse de ces deux jeunes personnes devient une énigme difficile à comprendre. Le journal d’Alissa est la clef de toute cette énigme et c’est par ce cahier que le lecteur arrive à comprendre certains comportements bizarres d’Alissa. Alissa veut sauver l’âme de son bien aimé Jérôme et elle se croit un obstacle entre lui et Dieu. Elle pense qu’elle le retient de s’avancer dans la vertu. Elle veut se retirer de la vie de Jérôme pour le retrouver plus tard en Dieu. Alissa commence une privation douloureuse qui l’éloigne de la vie. Elle se confisque tous les livres qui lui rappellent Jérôme et s’oriente vers la Bible qu’elle n’a malheureusement pas bien comprise. Dans la Bible, il est dit plus de dix fois qu’on ne doit pas tuer. Le suicide est aussi un meurtre qui intervient dans une destinée dont seul Dieu est le maître.

Dans ce récit, tout ne nous est pas transmis.

Il y a des parties manquantes comme les réponses données aux lettres d’Alissa par Jérôme, comme la discrétion de Jérôme face aux évènements ou comme le nom de l’opération que veut faire le médecin dans la maison de santé. Le lecteur ignore le genre d’opération à faire pour Alissa. Celle-ci la retarde pour accélérer la venue de la mort. Malgré toutes ces parties manquantes, le lecteur devine que Jérôme a froidi à un certain moment de sa vie et a abandonné Alissa d’une façon douce de telle sorte qu’elle ne s’en est aperçue que plus tard. Jérôme a trouvé le bonheur dans le monde du travail et dans ses voyages. Il a gardé contact avec Alissa juste par égoïsme car cela lui plaisait d’être adoré par une femme.

En Turquie un proverbe dit qu’il est difficile d’accueillir pleinement quelqu’un qui est rassasié c’est-à-dire qu’il est difficile de contenter une personne ayant atteint la meilleur des conditions à un sujet quelconque. C’est le cas de cette situation où Jérôme a trouvé le bonheur loin d’Alissa qu’il a trompé en gardant son cœur en sa possession. Il y a une tricherie dans cette relation. Nous voyons l’hypocrisie et le manque de pitié de Jérôme.

Ce qui la blesse mortellement c’est de savoir qu’elle est abandonnée par l’homme qu’elle a tant chéri jusqu’à se priver des plaisirs mondains. Tout ce qu’elle a fait, elle l’a fait pour plaire à Jérôme qui n’a réagi que plus tard quand tout était fini pour elle. Il faut ajouter que ce sont les personnes les plus adorées qui blessent le plus. Devant l’indifférence de la personne chérie, le cœur souffre d’une douleur mortelle. Dans ce cas, l’indifférence est considérée comme la trahison. En fin de compte, Alissa meurt de solitude.

Ce récit nous apprend qu’il ne faut pas fonder son bonheur sur une autre personne même si nous l’aimons beaucoup. Il faut s’accrocher à la vie par des liens très forts. Personne ne vaut la peine d’être chéri à ce point. Il n y a pas de garantie en amour. Aujourd’hui vous êtes aimé mais demain vous serez peut-être détesté. Il faut savoir vivre au jour le jour et accepter la vie comme elle vient. Rien n’est parfait dans la vie, donc il est inutile de se fatiguer pour essayer d’atteindre le niveau perfectionniste.

Références

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Gide, André (1902). L’Immoraliste/The Immoralist. Paris: Editions Mercure de France.

Gide, André (1909). La Porte étroite/The Narrow Gate. Edition du groupe Ebooks libres et gratuits.

İşler, Ertuğrul (2004). André Gide’i mitlerle okumak/Reading André Gide with myths. Ankara: Editions Anı.

Saint-Exupéry, Antoine (1946). Le Petit Prince/The little Prince. Paris: Editions Gallimard.

Wrigley-Brown, Lynette (2008). S’anéantir ou s’épanouir: Avatars d’ascétisme anorexi que dans la littérature française du XIX au XXIe siècle/Defeat or flourish Avatars of ascetic anorexia in French literature from the nineteenth to the twenty-first century. New Zealand: The University of Auckland.

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Lefter, Diana-Adriana La Porte étroite d’André Gide, la découverte de l’âme, l’âme découverte/The Narrow Gate of Andre Gide, the discovery of the soul, the discovered soul. Pitesti: Universitatea din Piteşti.

Fawcett, Peter (1994). Lectures d’André Gide. Hommage à Claude Martin/Readings by André Gide. Homage to Claude Martin. Lyon: Presses universitaires de Lyon.

Fracart, Loup (2011). La Porte étroite, d’André Gide: Regards sur une vis sans fin/The Narrow Gate, by André Gide: the Looks on a dream without end.

Rougé, Dominique (2011). Les lectures psychanalytiques des œuvres littéraires/Psychoanalytic readings of literary works. Pologne: Université Pédagogique de Cracovie.

Ertz, Pravin. Le «Processus d'Individuation de Carl Gustav Jung, prolégomènes au «Processus Divinisation”?/The « Process of Individuation of Carl Gustav Jung, prolegomena to the « Process of Divinization ». Faculté de théologie, Université catholique de Louvain, 2014. Prom.: JoinLambert, Arnaud.



1 Lecturer, PhD, Selcuk University, Turkey, Address: Yabancı Diller Yüksekokulu, Kampus 42075, Selçuklu/Konya, Turkey, Tel.: +90 332 223 3183, Corresponding author: hulyakol06@gmail.com.

AUDRI, Vol. 9, no 2/2016, pp. 133-153

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